Passer entre les mains d’Aline Faucheur, ce n’est pas tant arrêter le temps que remettre les pendules à l’heure. Grâce à sa pratique du Kobido, ou voie ancestrale de la beauté, un art plusieurs fois centenaire venu du Japon, elle a développé une approche holistique qui fait intervenir autant le naturel que les gestes et protocoles développés au fil de son expérience.
En ligne de mire, le mieux-être, un état d’équilibre dans lequel l’essentiel devient évidence et source de plénitude. Désormais en duo avec sa fille Othilie Denarie Faucheur dans leur cabinet parisien, elles font renouer leur clientèle avec un visage au diapason de leur intériorité. Rencontre à quatre mains.
Le massage a-t-il toujours fait partie de vos vies ?
Aline : Ma mère massait les bébés. Elle avait le livre de Frédérick Leboyer, “Shantala” : un art traditionnel, le massage des enfants, sur la façon dont les mères indiennes massent leurs bébés, de manière très vive. Petite, j’avais des problèmes de santé et systématiquement ma mère avait le réflexe massage.
Othilie : Le toucher fait partie intégrante de notre famille, à tel point que je suis toujours étonnée lorsque les familles de mes amis ne le sont pas autant. Ma grand-mère, ma mère et mon père massaient, tous différemment. Petite, j’avais du mal à trouver le sommeil. Mais dix minutes de massage sur le dos ou les jambes me permettaient de passer des mains de Maman aux bras de Morphée. Pendant mes formations, quand j’étais le cobaye qui devait recevoir et donner des retours, j’avais beaucoup de mal à résister et c’est ce qui me pose toujours problème lorsqu’on crée des protocoles aujourd’hui!!! J’ai besoin de musique très rock pour me garder présente, sinon je tombe directement !
Ma mère nous a toujours dit que la vie est magique...
On décrit souvent la recherche du bien-être, ou du mieux-être, comme des pauses mais comment cela se matérialise au quotidien ?
A : Dans nos vies, nous sommes appelées de toute part et nos outils nous éparpillent. Ce n’est ni bien, ni mal. Je prends souvent l’image d’un puzzle dont on essaie de rassembler les pièces de manière intelligente. Pour moi, c’est un moment de réconciliation avec soi, où on va revenir à notre essentiel, rassembler nos énergies, nous rassembler nous-mêmes afin d’être le plus en phase possible avec soi.
Est-ce quelque chose qui est différent lorsqu’on est mère ?
A : En tant que mère, c’est pareil. C’est la disponibilité qui va faire la qualité de présence, car les enfants en demandent beaucoup. Ce que j’ai appris, compris c’est qu’on ne peut pas être là à moitié. Dans mon parcours de vie, je suis allée chercher ces ressources, notamment dans le Kobido, car j’ai une tendance à être éparpillée et je me sentais happée par les situations. Ce que j’y ai trouvé, c’est le moyen d’avoir du discernement entre l’autre qui est en face de nous, pour qui on doit être disponible, et soi. Si on est centrée, on peut être un peu partout avec soi, tout en étant avec l’autre.
O : Il y a une histoire de disponibilité à soi-même qui n’est pas toujours évidente. Souvent, j’ai du temps mais je ne me donne pas le temps. Maman m’a beaucoup aidée, parce qu’elle me disait souvent « ce n’est pas que tu n’as pas le temps, c’est que tu ne prends pas. » C’est là que j’ai vraiment pris conscience du fait qu’on est seul maître de notre bien-être. C’est prendre ce temps que je pensais ne pas avoir et que je ne m’octroyais juste pas, et décider de la manière dont je vais utiliser mon temps.
A quel moment est-ce que vous êtes devenues Faucheur Paris, mère et fille ?
O : C’est venu naturellement. Après des études de gemmologie, j’ai travaillé en Angleterre dans l’univers de la conciergerie de luxe, un milieu pas du tout manuel où le manque de relations réelles, tactiles, et de bien-être profond m’a frappée. On réglait du superficiel, jamais des problématiques de vie. C’est suite à cela que j’ai demandé à Maman d’en savoir plus.
A : J’ai toujours su qu’Othilie avait de très bonnes mains. Petite, elle massait déjà très intuitivement. Mais de là à en faire son métier, c’était une autre histoire. J’ai été surprise et en même temps, c’était au delà de mes espérances : ce n’est pas parce que je suis sa mère qu’elle doit suivre ma voie. Je lui ai donc conseillé de faire une formation à l’extérieur pour valider que le monde du massage lui plaisait. Elle m’a ensuite confirmé son souhait.
O : Le passage entre le côté plaisir et le professionnel s’est fait naturellement. D’une part par la prise de conscience que le massage facial Kobido auquel je suis formée a une dimension beaucoup plus profonde : psychologique, physique et un aspect qui concerne le praticien. J’y ai retrouvé les sensations de sculpture, de palpation, que j’aimais dans le travail de la terre. Ensuite, par les témoignages de reconnaissance pour le bien-être qu’on apporte aux gens. Cela a été une révélation. Je ne pensais pas que ce soit si impactant, pour moi comme pour les clients. Je me suis dit que je répondais à toutes les attentes des autres mais aussi à celles que j’avais de moi.
Comment votre pratique s’est-elle transformée lorsqu’Othilie vous a rejointe ?
A : Le fait que Faucheur Paris devienne « mère et fille » a fait évoluer les choses. Ça m’a beaucoup touchée. La première chose, c’est que la relève soit là. Ça veut dire que mon travail, ces années de recherches et de développement, peut perdurer au delà de moi. Cela m’a permis de prendre le temps de créer de nouveaux protocoles, des collaborations dans le monde du bien-être. Othilie a également ouvert à la plus jeune génération, pour qui la beauté fait partie intégrante du quotidien. On y a tous droit, même les hommes. Son angle de vue est très complémentaire. On fait évoluer le protocole par son témoignage.
Est-ce aussi la possibilité d’avoir un dialogue avec une praticienne avec qui vous avez une grande intimité, avec qui vous partagez des ressentis de manière plus intuitive ?
A : Complètement. C’est tellement personnel. C’est Aline Faucheur et Othilie Denarie Faucheur, c’est intéressant d’avoir le ressenti de l’autre. Ce n’est pas la même chose avec une collègue ou une associée. C’est addictif, ces échanges ! (Rires.) Mais une bonne addiction. J’ai une nature très perfectionniste mais la coolitude d’Othilie a été contagieuse. Depuis qu’elle est là, on ne déroge pas sur les protocoles mais elle m’a permis de passer à autre chose, d’ouvrir des champs par sa personnalité. Ce qui est magnifique, c’est qu’on échange beaucoup sur les soins. Son arrivée m’a confirmé que tout ça a beaucoup de sens.
O : Je suis arrivée avec mon petit bagage. Comme on travaille ensemble et qu’on se masse mutuellement, ça nous permet de faire évoluer les gestes en fonction de nos ressentis. Ce sont des plus. Mais beaucoup de choses sont restées telles quelles, car je me suis rendue compte qu’il n’était pas nécessaire de tout chambouler.
Est-ce qu’il y a un secret qu’on se passe de mère en fille dans votre famille?
A : Il y a deux choses. La première, c’est le massage. L’autre, c’est la pensée positive, une sorte de magie de la vie. Ma mère nous a toujours dit que la vie est magique. Etre positive dans la vie c’est le secret de plein de choses. Elle nous répétait souvent « d’égale à égale ». Justement, ce qui est intéressant avec Othilie aujourd’hui. Le fait qu’elle soit arrivée, ce sont des retrouvailles. Mine de rien, je ne pensais pas travailler avec ma fille. Le mot magique, ça a toujours été le naturel. Lorsque j’ai commencé le massage du visage, l’idée était de partir du visage naturel et d’emmener ce visage en maturité. Je n’ai rien contre injections et lifting, on a une chance folle car tout existe, mais il faut trouver ce qui correspond le mieux à notre nature, à ce qui est bon pour soi.
O : Le bonheur de masser et d’être massée.